Aaron Kaase

Activités frauduleuses du chef des services de police du Nigéria

Je tiens à féliciter PPLAAF pour avoir été une voix pour les lanceurs d’alerte en Afrique. De 2015 à ce jour, j’ai été victime de représailles virulentes après avoir lancé l’alerte sur des passations de marchés et d’autres actes financiers frauduleux impliquant le président de la Commission des services de police, où je travaille… PPLAAF a été merveilleux en offrant une aide financière pour soutenir les processus de litige, après plus de deux ans de batailles juridiques, ceci pendant une suspension illégale qui m’a pesé financièrement. L’effort fourni par l’organisation pour mettre cette affaire sur le devant de la scène publique est également louable.

«J’ai lancé l’alerte par conviction. La direction de la commission des services de police a complétement détruit cet important organisme public. C’était dangereux, mais je devais le faire.», a déclaré Aaron Kaase lorsqu’on lui a demandé pourquoi il avait dévoilé une corruption importante dans la Commission des services de police nigérians (PSC) et de son président, Mike Okiro.

Kaase travaille depuis 2003 en tant que cadre supérieur à la PSC, une agence en charge de la surveillance des forces de police du Nigeria. En mai 2015, Kaase a eu de forts soupçons de fraude : la PSC a affecté des centaines de milliers de dollars à la formation de 900 de ses membres, alors que son effectif compte moins de 500 membres.

Kaase a ensuite présenté une requête à la Commission indépendante des pratiques de corruption (CIPC) et à la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC). En représailles, il a été arrêté, détenu et harcelé, ainsi que suspendu de son travail.

Pendant quelques mois, Kaase a également reçu des menaces par téléphone. Il a écrit à la police à plusieurs reprises.

Mais Kaase ne regrette pas sa décision. Son message aux autres lanceurs d’alerte ? « Cela doit venir de votre force intérieure. Vous devez travailler pour une société meilleure. Vous pouvez le faire en votre nom ou par l’intermédiaire d’une ONG, mais si personne ne parle, la société ne s’améliorera pas.»

Le 30 novembre 2017, le tribunal national du travail d’Abuja a décidé de réintégrer Kaase à son travail au sein de la PSC. Le tribunal a ordonné à la PSC de « verser au demandeur tous les émoluments et droits qui lui revenaient pendant la période de suspension» et a déclaré que la PSC « n’avait présentée aucune preuve que sa suspension avait été faite de la manière appropriée.»

La PSC a malheureusement ignoré cette décision. Kaase se bat par des moyens juridiques pour que cette juste décision soit mise en œuvre.

PPLAAF s’est tenue aux côtés de Kaase, fournissant des conseils à ses avocats, portant son cas à l’attention des médias locaux et l’assistant avec un soutien financier pour ses procédures judiciaires. Le Programme de développement humain et environnemental (HEDA), une ONG Nigérienne, a également aidé Kaase.

Alors qu’il a été réintégré à son poste par le tribunal, Kaase fait toujours face à ce qui a été décrit comme des accusations « forgées de toutes pièces » par Okiro.

La corruption des services de police

Selon les révélations de Kaase et l’enquêtes de la CIPC, la PSC a reçu 350 millions de nairas (environ 821 000 euros) de l’Agence de sécurité nationale pour former son personnel au contrôle de la conduite de la police pendant les élections. La PSC a prévu un budget pour la formation de 900 agents en tout dans les villes d’Abuja, Lagos et Kano. Pourtant, l’effectif réel de la PSC était d’un peu plus de 400 personnes. Les « entraînements fictifs » ont été organisés dans l’État de Nasarawa plutôt qu’aux trois villes initialement prévues.

Fin 2015, la CIPC a publié un rapport sur la pétition de Kaase demandant à la PSC de rembourser la somme de 133 millions de nairas (environ 312 000 euros. La CIPC n’a curieusement trouvé aucune infraction pénale à l’encontre d’Okiro, bien qu’Emmanuel Ibe, directeur de l’administration et des finances de la PSC, ait été accusé de 10 chefs d’accusation de fraude devant un tribunal nigérian.

Le 28 janvier 2018, HEDA a demandé à la CIPC de réexaminer le résultat de son enquête : « Aussi louable soit l’enquete il est incomplet et injustifiable que votre Commission décide de poursuivre M. Ibe mais pas M. Okiro, considérant que M. Ibe a agi sous les instructions de M. Okiro. »

Au Nigéria, de nombreuses révélations sur la corruption ont été rendues possibles grâce à des dénonciateurs, malgré l’absence de loi appropriée les protégeant. PPLAAF a aidé des parlementaires nigérians à adopter un projet de loi fort et progressiste pour protéger les lanceurs d’alerte.

Pour plus de détails :

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